sabato 7 aprile 2018

Parfois tout commence par des chansons 1




PARFOIS TOUT COMMENCE PAR DES CHANSONS

J’ai entendu Fanchon chanter bien avant qu’elle devienne une amie. Depuis lors, sa voix n’a cessé d’évoquer pour moi ces chanteuses de barricades auxquelles Delacroix a rendu hommage. Oui, ce Delacroix dont les médiocres et les assis de notre siècle raillent la grandiloquence comme ils se gaussent du romantisme révolutionnaire. Je sais bien que le chant de combat n’est pas le combat lui-même mais quand sa rage et sa lucidité ne tombent pas dans le triomphalisme ou les nénies célébrant les victimes, il conforte aisément cette
résolution de lutter contre la tyrannie du profit qui désertifie la terre et pollue la joie de vivre. Que les chants renaissent du cœur en révolte contre un monde sans cœur, n’est-ce pas à quoi aspirent secrètement des millions d’êtres colonisés par le désespoir, cette arme de tous les despotismes, et résignés à crever à genoux au lieu de se lever pour vivre debout ?

D’une vague apparemment anodine peut naître un tsunami. Nous ne voulons être ni guerriers ni martyrs. Nous voulons seulement une existence où l’être l’emporte sur l’avoir, où les libertés de la vie annulent les prétendues libertés du commerce (car il n’y a pas de liberté de tuer et d’exploiter). La conscience a ses marées. Elle est aujourd’hui au plus bas et l’on voit le pays des Droits de l’homme, entre deux ridicules d’État, rafistoler le cadavre du patriarcat et
patauger dans les égouts sanglants du nationalisme. Ce n’est pas prophétiser que d’affirmer que cette conscience si proprement délabrée par la colonisation consumériste va se restaurer et réveiller les somnambules. Ne dit-on pas que parfois tout commence par des chansons?
Raoul VANEIGEM 



LA RENGAINE DES RESIGNES

Y a tout à perdre
Rien à gagner
C’est le règne
Des résignés
Et c’est pourquoi
On va crever
Dans la chambre à
Gaz des banquiers . . . . . .


C’est la débine 

Et la combine

Chacun pour soi

Telle est la loi

Et c’est pourquoi

On va crever

Dans la chambre à

Gaz des banquiers
 . . . .
Où sont l’amour

Et l’amitié ?

Morte est 
La solidarité

Et c’est pourquoi

On va crever

Dans la chambre à

Gaz des banquiers
 . . . .
Pas de budget 

Pour les Ecoles

Les hôpitaux

Car nos impôts

Vont financer

Les escaliers

Vers la chambre à

Gaz des banquiers . . . .
C’est la guerre des 

Voisins de paliers

Tout est prétexte

À se flinguer.

Qu’importe puis-

Qu’on va crever,

Dans la chambre à

Gaz des banquiers . . . .
Pour se venger 

De leur lâch’té

Ils attaquent

Les étrangers

Mais c’est ensemble

Qu’ils vont crever

Dans la chambre à

Gaz des banquiers . . . .
L’argent fout l’camp

Si vous pensez 

Que pour autant

La vie s’en va

Vous gagnerez

De quoi crever

Dans la chambre à

Gaz des banquiers . . . .
Pourtant le soleil 

De la vie

Continue à

Nous éclairer.

C’est pas le moment

De crever,

Dans la chambre à

Gaz des banquiers . . . .
La vraie vie

C’est la gratuité

J’veux plus payer

Pour engraisser

Ceux qui pensent

Nous envoyer

Dans la chambre à 


Gaz des banquiers . . . .
L’argent qui tue 

Va les tuer.

Il n’y aura

Qu’à les pousser

Pour qu’ils achèvent

De crever,

Dans leur chambre à

Gaz des banquiers . . . . .


Raoul VANEIGEM : paroles
Fanchon DAEMERS : interprétation.
Jacques-Ivan DUCHESNE : musicien et arrangements.
Musique : trad. français, La Fille au Roi Louis.
Extrait du disque "Contre la Résignation Chants d'amour et de révolte".
Pour trouver cette chanson (Cd Contre la résignation, chansons d’amour et de révolte) , cliquez là

http://chantlibreasbl.wixsite.com/chantlibre-asbl/discographie-fanchon-daemers

Chanteuse de barricade!
Telle est Fanchon dont la voix tendre et passionnée fait revivre les insurrections du passé et donne des ailes au renouveau des révoltes présentes et à venir. (Raoul VANEIGEM)